Défi Western 4:La vengeance des mères (Jim Fergus)

Je continue ma découverte de Jim Fergus avec le deuxième volet de Milles Femmes Blanches ! Attention, risque de spoliers du premier livre dans cet article !

Résumé:

« 1875. En dépit de tous les traités, la tribu du chef Cheyenne Little Wolf, qui avait échangé milles chevaux contre molles femmes blanches pour les marier à des guerriers ne tarde pas à être exterminée par l’armée américaine. Quelques femmes blanches seulement  échappent à ce massacre. Parmi elles deux soeurs, Margaret et Susan Kelly. Prêtes à tout pour venger la mort de leurs enfants, elles décident de prendre le parti du peuple indien et vont se lancer à corps perdu dans une lutte désespérée pour leur survie… »

Mon avis:

C’est avec plaisir que je retrouve les personnages forts de cette épopée !

Elles sont loin les jeunes femmes apeurées du premier bouquin ! Arrachées à leur foyers, leurs enfants tués sous leurs yeux, il n’y plus que rage et douleur chez ces femmes ! Trahies deux fois par les Blancs supposés « civilisés », elles sont devenues de véritables guerrières !

Ce deuxième volet raconte leur histoire sous forme de carnets, journal intime plein de rêves, d’illusions et surtout, comme l’indique le titre, de vengeance.

Ces femmes étaient des parias dans leur pays d’origine: orphelines, femmes battues, lesbienne et même une « folle », (comprenez « une femme qui n’aime pas son mari »). En pleine guerre, elles parcourent les plaines avec le reste de leur famille indienne et croisent la route de nombreux Blancs.

Certains sont bons, comme ce jeune curé venu « donner la foi aux sauvages » qui se retrouve au coeur d’un massacre qu’il ne comprend pas. Son regard, presque enfantin devant l’horreur m’a beaucoup touchée.

Et d’autres absolument terrifiants comme ce mercenaire, éclaireur de l’armée qui chasse les indiens comme du bétail et prend un plaisir pervers à torturer femmes et enfants. 

Plus que la guerre, le racisme et la cruauté des hommes, il y a un beau parcours initiatique chez ces femmes: que ce soit pour retrouver une amie, venger la mort d’un enfant, ou retrouver la foi, que ce soit en un dieu ou simplement l’amour. Et que dire des enfants métis rescapés de ce qui devait être « un pont entre deux cultures »?

J’ai été frappée par la beauté sauvage du cadre, le tourment de ces femmes et du peuple indien opprimé. Mais aussi, par les motivations propres à chacun dans cette guerre: la survie, la vengeance, le deuil. Mais aussi… l’illusion de croire qu’il existe une « race supérieure ». Je dois dire que c’est ça qui m’a le plus révoltée, dans cette histoire ! Et le pire, c’est qu’il existe encore des personnes qui pensent de cette façon à notre époque !

Je n’oublierai pas de sitôt les jumelles Kelly, May Dodd , Lady Ann et sa servante. Beaucoup plus dense que Mille Femmes blanches, La vengeance des mères nous montre notre incroyable force d’adaptation face au pire. Et à quel point cette rage face aux malheur peut autant détruire que porter une personne.

J’ai découvert qu’il y avait un troisième volet qui cloture cette sublime saga: Les Amazones ! Autant vous dire qu’il est déjà dans ma Wish list !

Un livre envoûtant, fort et dur, qui fait réfléchir à notre propre « sauvagerie » !

Défi Femme du monde: La perle et la coquille (Nadia Hashimi)

Aujourd’hui, place à un livre fort et féministe, dont les éloges ne sont pas usurpées ! J’ai toujours aimé les histoires fortes, et celle-ce ne déroge pas à la règle, loin de là !

Résumé:

Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses soeurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu’à ce qu’elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d’une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.

Mon avis:

Quel roman ! Ça me chamboule de voir à quel point, quel que soit le pays ou l’époque, les femmes doivent continuellement se battre pour (sur)vivre ! 

Dans ce livre, nous suivons le parcours de deux femmes d’une même famille à 100 ans d’intervalle. L’une est Rahima, une jeune fille qui vit dans la peur d’être harcelée  par les garçons de rue. Elle et ses soeurs ne peuvent plus aller à l’école. Son père a des problèmes de « comportement » à cause de médicaments. Et semble déprimer de ne pas avoir eu de fils… Aussi, avec la complicité de sa tante et ses soeur, elle décide de se travestir en garçon, le temps qu’elle soit en âge de se marier. Une expérience qui va la changer radicalement ! Cette coutume Afghane est aussi au coeur du film Parvana, que j’ai de plus en plus envie de découvrir !

J‘ai beaucoup aimé cette famille ! Les codes entre femmes et la complicité/jalousie qui en découle. Leur relation est subtile et pas évidente ! Chaque soeur a sa particularité, et son charme. La tante est de loin la plus maternelle, tandis que la mère vit dans  une angoisse quasi permanente. 

En parallèle, nous faisons la connaissance de Shekiba, défigurée par une brûlure qui a détruit ses nerfs sur la moitié de son visage. Pour elle, le voile est une bénédiction. Mais sa famille meurt. Ce qui m’a choquée, c’est qu’au lieu de compatir à sa douleur, son entourage la raille, l’insulte. Pour eux, elle est la « maudite », le « fantôme aux deux visages », « celle qui aurait dû mourir »… Elle, qui a du enterrer son père et ses frères ! Et comme Rahima, elle prendra un temps l’apparence d’un garçon, ce qui lui permet d’effectuer les travaux les plus durs, en plus du ménage ! La force de cette femme m’a juste impressionnée !

Toutes les deux sont fières et fortes, déterminées à prendre leur destin en main.

Au fil de ces deux histoires, à la fois semblables et différentes, se tisse une réflexion triste et forte. Et surtout, une question m’a taraudée toute ma lecture : Pourquoi, une femme devrait gommer sa féminité pour être « l’égale de l’homme »?

Et les hommes tiens, parlons-en ! Il vivent dans une espèce de « course » à qui fera le plus de fils possible pour perpétuer le nom familial. S’il n’y a pas de garçon, c’est un drame, un déshonneur ! Il faut des hommes, quitte à avoir plusieurs femmes pour y arriver ! C’est une pression considérable ! 

Par ce fait, eux aussi, dans une certaine mesure, sont des victimes… En revanche, faire du mal à une femme, même par frustration, est intolérable ! Et le pire, c’est que cette violence ne passe pas forcément par des coups…

Cette partie de roman m’a particulièrement remuée, car c’est une chose qui me dépasse tellement ! Et en même temps, j’essaie de comprendre, de ne pas (trop) juger. Mais c’est d’autant plus difficile que ce n’est pas ma culture. 

Enfin, il y a la guerre, qui prend une place conséquente ! Entre les rivalités entre « clans » et les Américains qui débarquent comme un cheveu sur la soupe, l’ambiance est carrément électrique ! Je m’interroge parfois sur ce fait: Et si moi, j’avais connu la guerre, comment aurais-je réagi ? En guerrière ou en mouton ? 

Je suis heureuse d’avoir lu ce livre aujourd’hui, et non plus jeune, car je n’aurais pas saisi toutes les subtilités et les enjeux de cette histoire aussi poignante que pleine d’espoir.

Un livre fort, brut, qui m’a fait beaucoup réfléchir !

Défi Femmes du monde: ma PAL féministe de ce printemps

Qui dit mois de Mars, dit Journée de la Femme ! C’est pourquoi j’ai décidé de faire une PAL sur un thème qui m’inspire: Les Femmes du monde. Par « monde », j’entends le côté ethnique, culturel, social mais aussi d’autres mondes fantastiques ! Parmi les livres que j’ai choisi:

  • « La perle et la coquille » de Nadia Hashimi

la condition des femmes d’Afghanistan. Je connais encore mal ce pays et ce livre a fait couler beaucoup d’encre !

  • « Les dames du lac » de Marion Zimmer Bradley:

La quête du Graal, uniquement vue par les femmes des légendes Arthuriennes ! Ça fait un bon moment que je veux lire ça ! On connait Morgane, Viviane, Guenièvre… mais Morgause n’est pas assez citée à mon goût !

  • « Tous ces silences entre nous » de Thrity Umrigar,

Les femmes indiennes dans le Bombay d’aujourd’hui. L’Inde est l’un des pays qui me fascine le plus! C’est donc un passage obligé ! Merci Persephone pour la découverte !

  • Moloka’i : la prisonnière du paradis d’Alan Brennert.

Cette fois-ci, nous partons pour Hawaï avec une histoire aussi exotique que mystérieuse !

Certes, ce n’est pas une histoire écrite, mais sa galerie de portrait va bien au delà des mots…

Le palais des larmes (Michel de Grèce)

Un peu d’exotisme avec un livre dépaysant à souhait ! Si vous aimez les fresques historiques à la Christian Jacq ou Amin Maalouf, ce livre est pour vous !

Résumé:

« Certains, il est vrai, ont fait de mon existence un rocambolesque et parfois sordide roman. La vérité est à la fois plus logique, plus inattendue et encore plus extraordinaire. »

Ainsi commencent, au VIème siècle de notre ère, les confessions de l’impératrice Théodora. Sans faiblesse et sans fard, l’ancienne courtisane qui su gravir une à une les marches du trône et épouser l’empereur Justinien, se souvient. De la misère, des complots, des révoltes, des trahisons, mais aussi de l’amour et de la foi qui guidaient ses pas.  À cette femme de tête et de passion, main de fer dans un gant de velours, prête à sacrifier quiconque ose lui porter ombrage, il fallait un théâtre grandiose. Le Palais sacré de Constantinople, ville dans la ville, avec sa cour et son protocole, ses règles secrètes, ses fastes exquis et ses meurtres sauvages, était à son image. Elle y règnera jusqu’à ce qu’il devienne le Palais des Larmes habité par sa légende.

Mon avis:

Après le Japon, je continue mon voyage littéraire féminin en embarquant pour la Turquie ! L’époque où Istanbul s’appelait Constantinople et faisait partie de l’Empire Byzantin.

Théodora est une jeune fille des quartiers pauvres. Fuyant une famille désunie et un beau-père violent, elle devient  d’abord actrice dans une troupe de théâtre, puis courtisane dans les tavernes obscures où elle use de ses charmes contre un peu d’argent. 

Mais l’appel d’ailleurs est toujours plus fort et après une escapade « mystique » auprès d’ascètes en plein désert, elle retrouve la ville de Constantinople où va se réalisera la prédiction d’une voyante: elle deviendra l’Impératrice !

J’ai beaucoup pensé à l’allée du roi : enfance misérable, prostitution, mais aussi délires mystiques, complots en tout genre et des hommes pas vraiment sympathiques. Mais c’est avant tout l’histoire d’une femme impressionnante et volcanique, qui ne supporte ni la médiocrité ni l’apathie. J’ai beaucoup aimé sa force de caractère !

Méthodiquement, Théodora gravit les échelons, se lance dans le théâtre, la danse, use sans vergogne de ses charmes pour gagner sa vie sans pour autant gagner le coeur des hommes. Mais ce sera Constantinople son grand amour:  cosmopolite, vibrante, vivante. J’ai adoré l’ambiance de cette ville !

Si la jeune femme aura quelques amants, c’est surtout  sa relation avec l’empereur qui m’a fascinée: leur lien tient plus de la compétition que de l’amour. Ils se conseillent, s’espionnent, s’épaulent, se disputent pour mieux revenir l’un vers l’autre. Justinien aussi calme qu’elle est volcanique, ils se complètent totalement politiquement et stratégiquement. Théodora sera une vraie femme politique, à la poigne de fer et la foi très forte. 

Il y a enfin Le Palais Impérial qui est aussi un Univers à lui tout seul, avec ses eunuques, ses espions, ses gardes, ses aristocrates et ses intrigues.

L’histoire avait donc tout pour me plaire. Une femme de poigne, un empire qui doit jongler entre les invasions extérieures et ses propres conflits internes. Sans parler des catastrophes naturelles comme la sécheresse ou les épidémies. 

Les événements s’enchainent bien et il n’y a pas de temps morts. Toutefois, l’écriture manque parfois de finesse. C’est le seul bémol de cette flamboyante histoire !

Une biographie romancée passionnante historiquement mais qui manquait de ce « petit plus » pour me séduire totalement ! 

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La femme au miroir (Éric-Emmanuel Schmitt)

Après la belle surprise dUlysse from Bagdad, c’est avec un roman résolument féminin et féministe que je continue ma découverte de cet auteur français !

Résumé:

« Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale de Sigmund Freud, Anny à Hollywood de nos jours. Toutes trois se sentent différentes de leurs contemporaines ; refusant le rôle que leur imposent les hommes, elles cherchent à se rendre maîtresses de leur destin. Trois époques. Trois femmes. Et si c’était la même ? »

Mon avis:

Trois beaux portraits de femmes, qui symbolisent chacune l’émancipation, le courage et le rejet du moule dans lequel la société veut les enfermer.

Le « miroir » est en fait symbolique. C’est en fait la ressemblance de ces trois femmes dans leur courage, leur lassitude et le dépassement d’elle-même.

Anne la Flamande ressent des élans mystiques qui l’entraînent dans la forêt où elle se lie d’amitié avec un loup. Envoûtée par la forêt, elle sauvera son protégé des pièges, et gagnera le titre d’Illuminée par son village. Elle sera aussi la « disciple » d’un mystérieux moine: « Brin d’Or » qui est persuadé que Dieu l’a choisie. Mais cette nouvelle notoriété est loin de réjouir Anne, qui veut surtout qu’on la laisse tranquille. C’est de loin, la femme qui m’a le plus fascinée !

Hanna vit à l’époque de Sigmund Freud. Elle est lasse d’avance de la place de la femme de son époque et notamment de la maternité. Cette critique sociale concernant l’image de la mère de famille m’a énormément plu ! D’autant que la psychanalyse commence à pointer le bout de son nez, provoquant un grand remous parmi les plus traditionalistes. Son histoire est racontée de façon différente des autres héroïnes. C’est en effet la seule à être racontée sous forme épistolaire, c’est à dire des lettres qu’elle a envoyé à son amie d’enfance: Gretchen. Hanna y raconte ses malheurs conjugaux mais aussi sa découverte troublante de la psychanalyse sur le divan d’un des premiers psychiatre moderne. 

Enfin, la dernière femme est sans contexte la plus déroutante et la plus sombre. Anny est une star hollywoodienne qui « s’émancipe » en couchant avec qui elle veut, buvant comme trou ou alors en se droguant. Elle ne réfléchit pas vraiment aux conséquences de ses actes et s’en porte bien. Jusqu’à ce qu’un homme refuse ses avances et l’amène à réfléchir à sa vie.

Anny vit à notre époque et son parcourt m’a énormément fait penser aux célébrités ravagées par leurs propres excès, comme Lindsay Lohan, ou encore Amy Winehouse.  C’est une immersion amère dans le monde des tabloïds, le tout, arrosé d’un peu de vitriol. Si au début, elle m’a franchement mis mal à l’aise, son évolution finira par m’émouvoir, notamment son amour absolu pour le jeu d’actrice, dans lequel elle s’immerge jusqu’à s’oublier.

Au départ, on ne comprend pas trop où l’auteur veut en venir…jusqu’à la moitié du livre où enfin, les pièces de ce puzzle en jeu de miroir s’assemblent pour donner une belle représentation de la lutte des femmes pour être juste elles-mêmes. 

 J’ai été frappée par leur fierté, leur colère et leur refus de se laisser dominer et définir par les hommes. Mais aussi par leur façon de fuir un monde dans lequel elles ne se reconnaissent pas.

Un livre singulier, tout en contrastes. Je le relirai surement car il y a une belle finesse, tant dans les personnages que dans l’écriture.

Du domaine des murmures (Carole Martinez)

Je continue ma découverte des moeurs médiévales avec cette surprenante lecture ! Encore merci à Girl Kissed By Fire pour cette découverte !

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Résumé:

« En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire «oui» : elle veut faire respecter son vœu de s’offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe… Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l’entraînera jusqu’en Terre sainte… »

Mon avis:

Un livre aussi déroutant qu’envoûtant sur le refus d’une vie toute tracée d’une jeune fille hors du commun.

Esclarmonde est une jeune fille pleine de grâce, qui fait la fierté de son père et dont le mariage semble inévitable. Mais sous ses airs discrets, la jouvencelle se refuse à sceller un mariage de convenance. Et pas seulement parce que son promis n’est qu’un goujat coureur de jupons. Elle refuse d’avoir le même destin morne que les autres femmes du royaume.

Aussi, c’est la douche froide lors des noces: non seulement, elle refuse la main de son promis devant l’Église et son père, mais elle fait le voeu de n’être qu’à Dieu et de se faire emmurer vivante ! D’abord sous le choc, son père fini par accéder à sa requête. Non par respect, mais par haine pour celle qui a renié son sang et son rang. Comment ose-t-elle un tel outrage alors qu’il lui a plus donné que beaucoup de pères à ses filles !

Du fond de sa « tombe nuptiale », elle se donne à la prière sans se douter du remue-ménage dans le monde extérieur…mais aussi en elle. Car c’est de là qu’elle va devenir le symbole du royaume, la Sainte Emmurée qui écoute les lamentations de son peuple et le guide vers la paix du Christ

Et ce peuple change: son soupirant, jadis brutal, devient doux comme un agneau; les récoltes n’ont jamais été meilleures; la Mort elle-même semble avoir déserté le domaine.

Dans une France médiévale pleine de superstitions et de guerre sainte, Esclarmonde devient une Légende. Elle mettra même au monde un enfant: un petit ange aux mains percées comme Jésus ! 

Mais le Destin est retors et chacun portera sa Croix. J’ai adoré l’univers du livre, qui m’a beaucoup rappelé l’Enchanteur de Barjavel. Il y flotte le même parfum de Quête spirituelle et d’amour interdit.

Un livre fascinant, entre superstitions et foi, entre amour humain et amour divin. Si vous aimez les chevaliers, les monastères et les fables féodales, je vous conseille ce livre !

La couleur pourpre (Alice Walker)

Aujourd’hui, petite chronique pour un grand roman qui, bien avant La couleur des sentiments et les Suprêmes, a dénoncé la condition féminine et raciale sous forme épistolaire. Ce livre a également été adapté au cinéma par Steven Spielberg, en 1985.

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Résumé:

« Depuis leur séparation, depuis des années, Nettie et Celie, deux jeunes Noires, soeurs tendrement unies, n’ont cessé de s’écrire. Mais aucune missive, jamais, n’est parvenue ni à l’une ni à l’autre.
C’est que Celie, restée là-bas, près de Memphis, subit la loi d’un mari cruel qui déchire toutes les lettres venues d’Afrique – où Nettie est missionnaire. Alors Celie, la femme-enfant, écrira via le bon dieu, qui, lui, sait tout… Pourquoi, entre elles, cette correspondance déchirante et sans fin, obstinée, presque immatérielle? »

Mon avis:

Une belle claque dans la figure ! Celie est une jeune femme noire des années 1930, pauvre et sans éducation, vivant en Géorgie. Elle est enlevée à l’âge de 14 ans par un homme qu’elle appelle Pa et qui la mettra enceinte deux fois. Ses enfants disparaissent tous les deux. Celie pense qu’ils ont certainement été tués par leur père, jusqu’au jour où elle rencontre, en ville, une petite fille qui lui ressemble fortement.

Celie est mariée contre sa volonté à monsieur Johnson. Ce dernier avait d’abord demandé au père de Celie la permission d’épouser sa jeune sœur, Nettie. Peu de temps après avoir emménagé dans sa nouvelle demeure, Nettie la rejoint, essayant ainsi d’échapper, elle aussi, aux mauvaises conditions de vie domestique. Après une tentative de séduction de monsieur Johnson envers Nettie, il la chasse, et sur les conseils de Celie, Nettie se rend chez le pasteur local et promet d’écrire à Celie. Mais le temps passe et Celie ne reçoit aucun courrier : elle en conclut que Nettie est morte.

Pour tenir le coup, Celie écrit son journal sous forme de lettres qu’elle adresse à Dieu. Elle fera la connaissance d’une chanteuse du nom de Shug Avery. Bien que maîtresse de son mari, c’est avec elle que la jeune femme va éprouver ses premiers émois amoureux et s’éveillera enfin à la sexualité, jusqu’ici subie. 

Un de ses fils, Harpo, tombe amoureux de Sofia, une femme rondelette et au physique aussi imposant que sa personnalité. Et bien qu’Harpo et son père tentent de la soumettre à leur autorité, Sofia ne se laisse pas faire. Celie encourage d’abord ce comportement d’intimidation envers Sofia; en tant qu’inférieure à un homme, c’est la seule manière de vivre qu’elle ait jamais connue, mais lorsqu’elle est confrontée à Sofia, elle réalise son erreur.

Celie est à la fois fascinée et intimidée par l’esprit fort de la jeune femme, ainsi que par les défis lancés à l’égard de l’autorité de son mari. Un étrange trio amoureux est mis en place, fait d’admiration pour l’une et de frustration pour l’autre, qui, pour la première fois de sa vie, est remis à sa place par « le sexe faible ».

De son côté, Nettie part en Afrique,avec un couple de missionnaires, Samuel et Corrine, ainsi que leurs enfants adoptés, Olivia et Adam. Elle apprendra qu’ils sont étroitement liés à Celie…

Entre règlements de comptes, amours interdites, lutte pour l’indépendance et racisme teinté de sexisme, La couleur pourpre offre deux beaux portraits de femmes, fortes et tenaces. L’écriture est âpre, dure et m’a fait frissonner. J’en suis ressortie avec un sentiment d’accablement: il y a encore tellement à faire !

Une histoire poignante et féministe à découvrir !

Le Choeur des femmes

J’ai découvert ce livre grâce à Mymy, chroniqueuse Madmoizelle. Je n’ai jamais été à l’aise avec ma relation à mon corps et la médecine en général. Aussi, ce livre m’a paru intéressant car il sortait de ma zone de confort.

Résumé:

« Je m’appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m’oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de «Médecine de La Femme», dirigée par un barbu mal dégrossi qui n’est même pas gynécologue, mais généraliste! S’il s’imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu’est-ce qu’il croit? Qu’il va m’enseigner mon métier? J’ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas – et je ne veux pas – perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur cœur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu’elles pourraient m’apprendre. »

Mon avis:

Une chose est sûre, je n’aurais jamais pris ce livre en lisant son résumé ! Mais comme je l’ai dit plus haut, il faut savoir sortir de sa zone de confort ! Et je suis vraiment fière d’y être parvenue ! Parce que je serais passée à côté de quelque chose.

« Le choeur des femmes » est un livre brut, qui peut déranger, choquer. Il a le mérite de dénoncer les abus de certains médecins, le manque de communication et d’empathie de ces derniers avec leurs patientes.

J’ai eu énormément de mal avec le personnage principal en début. Comme vous l’avez constaté dans le résumé, Jean Atwood est une jeune femme pleine de hargne et qui (de prime abord) ne se prend pas pour n’importe qui. Mais heureusement, le médecin Franz Karma va lui remettre les pendules à l’heure !

Les histoires des patientes sont autenthiques (Martin Winckler étant lui-même médecin ) et totalement effarantes ! Comment un gynéco peut-il traiter une femme de la sorte, ça me dépasse ! Ce livre dénonce autant les mauvaises pratiques que le manque d’information (que ce soit côté soignant ou patient) Certains médecins n’ont aucun scrupules à  littéralement « charcuter » leurs patients ! 

Jean Atwood est l’exemple type de l’étudiante qui en a tellement bavé dans son cursus, qu’elle croit avoir tout vu, tout entendu. Elle a une vision mécanique du corps de la femme et ne s’intéresse pas à leur vie. C’est une jeune femme qui a en elle une colère venimeuse qui me l’a rendait presque cruelle. La raison sera expliquée au fur et à mesure. 

Sa collaboration avec le docteur lui fera, non sans mal, réviser son jugement. Parce qu’un patient n’est pas juste un corps, c’est une personne. Au fur et à mesure des consultations, des témoignages et des interventions, la jeune femme aprend à vraiment écouter, à sortir des ses à-priori et surtout, gagne en humilité. Parce que ce n’est pas parce qu’on a fait dix ans d’études, qu’on n’a plus rien à apprendre, bien au contraire ! C’est sur le terrain, au contact des gens que l’on fait vraiment son métier. 

Le seul point faible de ce livre est l’histoire familiale de Jean, que j’ai trouvée trop tarabiscotée. Et la fin est bien trop bizounours pour une jeune femme de sa trempe ! 

Mais c’est tout de même un livre enrichissant et intelligent, qui devrait être lu par beaucoup de médecins !