Aujourd’hui, petite chronique pour un grand roman qui, bien avant La couleur des sentiments et les Suprêmes, a dénoncé la condition féminine et raciale sous forme épistolaire. Ce livre a également été adapté au cinéma par Steven Spielberg, en 1985.
Résumé:
« Depuis leur séparation, depuis des années, Nettie et Celie, deux jeunes Noires, soeurs tendrement unies, n’ont cessé de s’écrire. Mais aucune missive, jamais, n’est parvenue ni à l’une ni à l’autre.
C’est que Celie, restée là-bas, près de Memphis, subit la loi d’un mari cruel qui déchire toutes les lettres venues d’Afrique – où Nettie est missionnaire. Alors Celie, la femme-enfant, écrira via le bon dieu, qui, lui, sait tout… Pourquoi, entre elles, cette correspondance déchirante et sans fin, obstinée, presque immatérielle? »
Mon avis:
Une belle claque dans la figure ! Celie est une jeune femme noire des années 1930, pauvre et sans éducation, vivant en Géorgie. Elle est enlevée à l’âge de 14 ans par un homme qu’elle appelle Pa et qui la mettra enceinte deux fois. Ses enfants disparaissent tous les deux. Celie pense qu’ils ont certainement été tués par leur père, jusqu’au jour où elle rencontre, en ville, une petite fille qui lui ressemble fortement.
Celie est mariée contre sa volonté à monsieur Johnson. Ce dernier avait d’abord demandé au père de Celie la permission d’épouser sa jeune sœur, Nettie. Peu de temps après avoir emménagé dans sa nouvelle demeure, Nettie la rejoint, essayant ainsi d’échapper, elle aussi, aux mauvaises conditions de vie domestique. Après une tentative de séduction de monsieur Johnson envers Nettie, il la chasse, et sur les conseils de Celie, Nettie se rend chez le pasteur local et promet d’écrire à Celie. Mais le temps passe et Celie ne reçoit aucun courrier : elle en conclut que Nettie est morte.
Pour tenir le coup, Celie écrit son journal sous forme de lettres qu’elle adresse à Dieu. Elle fera la connaissance d’une chanteuse du nom de Shug Avery. Bien que maîtresse de son mari, c’est avec elle que la jeune femme va éprouver ses premiers émois amoureux et s’éveillera enfin à la sexualité, jusqu’ici subie.
Un de ses fils, Harpo, tombe amoureux de Sofia, une femme rondelette et au physique aussi imposant que sa personnalité. Et bien qu’Harpo et son père tentent de la soumettre à leur autorité, Sofia ne se laisse pas faire. Celie encourage d’abord ce comportement d’intimidation envers Sofia; en tant qu’inférieure à un homme, c’est la seule manière de vivre qu’elle ait jamais connue, mais lorsqu’elle est confrontée à Sofia, elle réalise son erreur.
Celie est à la fois fascinée et intimidée par l’esprit fort de la jeune femme, ainsi que par les défis lancés à l’égard de l’autorité de son mari. Un étrange trio amoureux est mis en place, fait d’admiration pour l’une et de frustration pour l’autre, qui, pour la première fois de sa vie, est remis à sa place par « le sexe faible ».
De son côté, Nettie part en Afrique,avec un couple de missionnaires, Samuel et Corrine, ainsi que leurs enfants adoptés, Olivia et Adam. Elle apprendra qu’ils sont étroitement liés à Celie…
Entre règlements de comptes, amours interdites, lutte pour l’indépendance et racisme teinté de sexisme, La couleur pourpre offre deux beaux portraits de femmes, fortes et tenaces. L’écriture est âpre, dure et m’a fait frissonner. J’en suis ressortie avec un sentiment d’accablement: il y a encore tellement à faire !
Une histoire poignante et féministe à découvrir !