Il me tardait de vous parler de mon nouveau coup de coeur livresque. J’ai découvert ce livre un peu par hasard à la médiathèque. Ayant été très touchée par Les Suprêmes d’ Edward Kelsey Moore, je recherchais un livre abordant le même thème: la ségrégation raciale. Quelle ne fut pas ma surprise d’en trouver un au rayon jeunesse !

Résumé:
RENTRÉE 1957.
Le plus prestigieux lycée de l’Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs.
Ils sont neuf à tenter l’aventure.
Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher.
Mon avis:
Dans l’Amérique des années 50, tout était soigneusement pensé pour que les Blancs n’aient pas à « supporter » la présence des Noirs. Il était impensable, à l’époque de faire les courses aux mêmes endroits qu’eux, se baigner dans les même piscine, d’entrer par la même porte, de respirer le même air presque ! Les Noirs étaient considérés comme des inférieurs, des arriérés, des « sales » !
On croirait entendre un discours des premiers colons blancs face aux « sauvages » indigènes. Et bien non ! C’était il y a à peine un siècle !
Cependant, sous la pression d’organisations diverses, la Cour Suprême des États Unis prend une décision courageuse: Elle annule la ségrégation raciale dans les écoles publiques, donnant aux Noirs l’autorisation de bénéficier de la même éducation qu’un Blanc.
Ce livre touchant et éloquent est donc inspiré d’un fait historique bien réel. Certes, les noms ont été changés. Les événements amplifiés pour parler davantage aux lecteurs.
Mais ces discours, aussi haineux qu’idiots, ont bien été proférés. Pour mieux encore nous immerger dans cette époque, l’auteur a eu la brillante idée de raconter cet événement si particulier à travers les yeux de deux jeune filles:
L’une Noire, Molly, qui vit tous les jours dans la peur et l’injustice instaurée par les blancs. Sa famille, (sa grand-mère notament ) l’aidera à ne pas plier et supporter les railleries, insultes et autres joyeusetés.
Et Grace, une Blanche qui a grandi dans une famille bourgeoise et étriquée. Elle tentera timidement de se raprocher du groupe « cobaye » d’intégration. Je l’ai trouvée très courageuse !
Car plus que la violence des ados entre eux à l’école, c’est celle des adultes qui m’a le plus choquée. Comment peut-on traiter ainsi un être humain ? L’empêcher de parler, de faire ses courses, de sortir, de s’instruire ???
Le style d’écriture est direct, brut, sans fioritures. L’auteur appelle un chat un chat, ce qui permet de mieux de s’immerger dans cette époque troublée. C’est ce qui fait la force de ce roman: on n’y va pas par quatre chemins.
Le message est d’autant plus percutant quand il est porté par deux voix:
D’un côté, il y a les Noirs qui grandissent dans la peur et l’injustice; de l’autre, des Blancs prisonniers de doctrines et de préjugés inculqués par leur parents. C’est ce que j’ai trouvé le plus intéressant. Les enfants sont victimes des deux côtés ! Pas de la même manière, mais cette violence due à la peur de la diférence est pour moi la même.
Il faudra attendre les années 60 pour que l’expérience de ce « métissage » soit renouvelée, et cette fois-ci définitivement adoptée ! C’est donc assez récent au final ! Et c’est un fait qu’il faut souligner. Je trouve que ce livre serait très intéressant à étudier au lycée !
Un contexte historique passionnant et un thème terriblement d’actualité. Jusqu’où peut aller la peur de l’autre? Comment changer les choses sans passer par cette violence ? Si cette période vous intéresse, je vous invite vivement à lire ce livre !